Revue du compteur geiger Ecotest Terra-P
Par Sébastien Billard le mercredi 17 février 2016 16:00 - Radioactivité
Le compteur geiger Terra-P est un radiamètre / dosimètre d'ambiance produit par Ecotest, une société ukrainienne spécialisée dans la conception d'appareils de détection et de mesure de la radioactivité. Créée il y a plus de 20 ans, la société Ecotest emploie 200 personnes, est certifiée ISO 9001 et produit du matériel tout aussi bien pour le grand public que pour les professionnels, les militaires et les agences gouvernementales. Curieux d'en savoir plus sur leurs produits, j'ai contacté la société qui m'a proposé de tester le modèle Terra-P. Merci à Yaroslav Votus, directeur du marketing chez Ecotest, pour avoir permis cette revue ;)
Le Terra-P appartient à la gamme grand public de la marque. Il est destiné à détecter une radioactivité anormale et à fournir une indication du débit de dose ambiant et de la dose accumulée. Il utilise comme détecteur un tube Geiger-Muller SBM-20, entouré d'un fine feuille de plomb pour bloquer les rayon beta et améliorer sa réponse en énergie. Ce manchon en plomb est bien visible sur la photo :
Extérieurement, le compteur Terra-P ressemble à un gros téléphone. Sa construction est robuste. Il n'est pas étanche à la poussière et à l'eau (IP20), mais une housse est fournie pour plus de protection et un port à la ceinture. Il est de toute façon recommandé dans un environnement à risque de le protéger avec un sachet plastique de type Ziploc. L'alimentation est assurée par deux piles AAA, données pour assurer 6000 heures d'autonomie.
Les commandes sont très simples, puisque le compteur ne possède que deux boutons : "Threshold" et "Mode". Le bouton "mode" sert à allumer et éteindre l'appareil et à passer d'un affichage à un autre, dans l'ordre : débit de dose (en µSv/h), dose accumulée (en mSv) depuis le dernier allumage, heure et réveil. Le bouton "threshold" sert lui aux différents réglages.
En mode débit de dose, l'appareil affiche le nombre moyen de microsieverts par heure. Après l'allumage, un temps d'attente variable de 1 à 2 minutes est nécessaire pour que le débit de dose affiché soit fiable. L'appareil signale ce manque de fiabilité pour un clignotement de l'affichage, ce qui est une très bonne chose. Une fois les données fiables, l'affichage devient fixe. Lors d'une hausse ou d'une baisse soudaine et importante de la radioactivité l'affichage clignotera également pour signaler qu'il s'agit de mesures transitoires, peu fiables.
Chaque détection est accompagnée d'un bip permettant d'estimer à l'oreille la radioactivité. Ce signal sonore peut être désactivé. Afin d'économiser les piles, l'affichage et les bips de détection sont automatiquement désactivés au bout de 5 minutes. Le fait de presser un bouton réactive aussitôt l'affichage et les bips.
Un seuil d'alarme personnalisé peut être programmé, ou désactivé. Il est réglé par défaut sur 0.3µSv/h et reviens à cette valeur à chaque extinction de l'appareil.
En mode dose accumulée, l'appareil affiche le nombre total de millisieverts reçus depuis le dernier allumage. Ce mode est adapté pour les mesurs longues, un millisievert représentant 1000 microsieverts.
Le Terra-P donne-t-il des mesures précises ? Mes tests laissent à penser que les chiffres remontées sont raisonnablement précis, si l'on veut bien considérer qu'il s'agit d'un appareil grand public, qui plus est calibré pour la mesure d'ambiance (doses H*10) et non pour la dosimétrie personnelle (doses Hp(10)). Pour une mesure du bruit de fond sur une durée de 6 jours, le Terra-P m'a affichée une dose supérieure de 53% à celle de mon dosimètre professionnel DMC-90 (0.180µSv/h en moyenne contre 0.118µSv/h pour le DMC-90). Cette différence peut sembler énorme, mais elle est en réalité tout à fait normale si on considère que les deux appareils ne sont pas étalonnés pour les mêmes référentiels. Une note de l'IRSN explique d'ailleurs très bien ce phénomène. Un deuxième test simulant un environnement contaminé à l'Uranium à l'aide d'objets en ouraline placés autour des deux appareils, a donné une surestimation moindre, de 39.4% cette fois. Les chiffres affichés par le Terra-P me semblent donc plutôt corrects, si l'on garde bien à l'esprit que les doses affichées seront surestimées de 40% à 55% en moyenne par rapport à un dosimètre opérationnel, qui lui affichera bien mieux la "vraie" dose.
Au final le Terra-P me semble une option valable pour quelqu'un cherchant à s'équiper d'un appareil capable de lui fournir une indication du niveau de radioactivité à un prix abordable, à condition que celle-ci prenne toutefois bien en compte la surestimation typique de l'appareil.
Pour le hobbyiste amateur d'expérimentations radioactives, ce n'est pas l'appareil que je recommanderais comme détecteur principal, car son bouclier anti-beta s'il lui fait gagner en précision lui fait aussi perdre en sensibilité. Le GMC-300 est dans ce cas un meilleur choix. Par contre le Terra-P est un bon complément quand il s'agit d'estimer des doses et non plus de compter des CPM.
Le Terra-P peut être acheté au prix de 191€ port inclus directement auprès de la boutique Ecotest. On le trouve également chez divers distributeurs français et européens.
Commentaires
Bonjour,
J'ai trois questions :
1)Cet appareil, outre qu'il bippe à chaque détection est-ilaussi capable d'afficher des valeurs en CPM ou CPS au lieu de Sieverts ?
2)Vous nous dites que cet appareil utilise comme détecteur un tube Geiger-Muller SBM-20, entouré d'un fine feuille de plomb pour bloquer les rayon beta et améliorer sa réponse en énergie.
Je vous avoue ne pas comprendre !!! Qu'est-ce à dire ?
D'autre part, sur le site d'Ecotest, on voit ceci à propos du Terra :
Purpose of Use
Measurement of gamma and X-ray radiation ambient dose equivalent rate (DER)
Measurement of gamma and X-ray radiation ambient dose equivalent (DE)
Measurement of surface beta-particles flux density
Measurement of ambient dose equivalent accumulation time
Real time measurement (clock), alarm clock
On voit donc que cet appareillage est prévu aussi pour la mesure de la densité de flux surfacique de particules bêta !
3) D'où ma 3ème question : avez-vous essayé cet appareillage comme contaminamètre bêta de surface ? Et le GMC 300 ou 320 en est-il capable !
Ma conclusion est moins absolue que la vôtre : effectivement, le GMC 320 est un compteur Geiger très sensible, mais je ne doute absolument pas non plus des qualités de sensibilité du tube russe SB20 présent dans le Terra P !
Le but pour moi, n'est pas forcément de prendre un max. de CPM, justement aussi dans une étude de contamination de surface !!!!!
Cordiales salutations,
Daniel
Bonjour Daniel :)
Le Terra-P ne peut afficher que des microsieverts, pas de CPM.
L'appareil ne mesure pas vraiment une contamination beta surfacique. En fait ils proposent juste de faire une mesure près de la source avec la trappe fermée (gamma uniquement), de faire une seconde mesure avec la trappe ouverte (beta plus gamma) et de faire la soustraction à la main pour estimer la contribution du rayonnement beta. La mesure reste en microsieverts (alors qu'une contamination beta se mesure en Bq/cm²) et on ne connait pas de toute façon la surface du tube (sauf à la mesurer soi-même). Donc cette pseudo fonction ne sert à rien. Et de toute façon les contaminamètre beta utilisent en général des tubes de type pancake, de grande surface.
Sur le SBM-20 je pense comme vous que c'est un très bon tube, peut être même un peu plus sensible que le tube d'origine du GMC-300. Certains férus d'électronique l'installent d'ailleurs dans leur GMC-300 :)
Merci pour les précisions, Sébastien.
Sur le site d'Ecotest, on voit qu'ils ont maintenant sorti une version Bluetooth du Terra-P, connectable à un PC.
Le mode d'emploi, très complet et bien détaillé, est accessible en PDF depuis leur site.
Là, ils expliquent en détail comment procéder à une mesure de densité de flux surfacique Bêta.
Il y a quelques petites améliorations par rapport au Terra-P de base, mais c'est dommage, il n'y a toujours pas d'affichage en CPM ou CPS prévu, car je pense que cet appareil est très intéressant au vu du rapport qualité/prix
:)
Oui le terra bluetooth a une vrai fonction de contaminamètre beta avec soustraction automatique des gammas et affichage en nombre de détections par unité de surface. L'affichage de l'erreur statistique est aussi selon moi un vrai plus. Mait tout comme vous je regrette l'absence de CPM. Ou alors il faudrait des efficiences preprogrammées comme en sont équipés certains appareils, qui permettent de changer de calibration à la volée selon qu'on est en présence d'uranium, cesium 137, potassium 40, strontium etc
Bonjour,
Un grand merci pour vos articles clairs, complets et détaillés.
Je souhaite acquérir un dosimètre dans le but d'estimer
la radioactivité émise par des objets ou un environnement.
Suite à la revue du Terra-P de Ecotest, vous semblez assez positif sur ce dernier. Cependant vous précisez qu'il n'est pas fiable pour mesurer les rayons beta et qu'il n'affiche pas les CPM.
Dans l'article "Radioactivité, compteurs geiger : quelques conseils" vous recommandez de préférer les modèles qui affichent des CPM ou des CPS, que pensez vous du modèle Gamma easy de Gamma scout http://www.gamma-easy.com/EN/GAMMA-... https://www.youtube.com/watch?v=iyY... ?
Situé dans la même gamme de prix que le Terra-P, il ne mesure pas les rayons beta mais indique les CPM(count) ainsi que les µsv/h sur un même écran.
Votre préférence semble aller vers le GQ GMC-300. On peut le trouver actuellement ou plus exactement la version
"300E plus" pour 110 €.
Des 3 modèles cités Terra-P, Gamma easy, GQ GMC-300E plus, lequel conseilleriez vous à un néophyte en recherche d'un rapport qualité/simplicité d'utilisation ?
Merci
Bonjour en faisant des recherches sur Internet je suis tombée sur vous.
Déjà je tenais à vous remercier tous ces partage de vos connaissances dans ce vaste univers de la radioactivité.
Pour ma part j'ai deux questions la première je viens d'appartement et j'ai les compteurs linky qui qui sont juste à côté de chez moi.
J'aimerais savoir ce que je pourrais acheter pour détecter le niveau de Radioactivité des ondes que diffuse ces compteurs compteurs, de manière à pouvoir faire un état des lieux de l'environnement dans lequel je vis.
Aussi outre les ondes wi-fi hertzienne et ces fameux compteurs non j'aimerais pouvoir identifier le risque, je souhaiterais me protéger.
J'ai acheté une pierre shungiste ,
Pour me protéger ( sphère ét en pendentif ) pour autant je ne suis pas sereine car les avis sont controversés sur les bienfaits de ce minéral .
Je précise que j'habite au bord de l'eau , en pleine ville.
Merci de répondre à mes deux questions qui sont quelles matérielles adaptés au repérage de ces ondes, et comment les prévenir?
S'en préserver
Turco : merci beaucoup. Les Linky et autres compteurs du même type n'émettent aucune radioactivité, et les ondes radio qu'ils emettent sont vraiment très faibles comparé à toutes les autres ondes radio dans lesqueles nous baignons (radio FM, systèmes de communication, wifi, téléphonie…). Un compteur Geiger ne vous servira à rien. Une shungite ne vous servira à rien : aucune matière n'a la capacité d'attirer à elle les ondes ou les particules pour les absorber. C'est physiquement impossible. La meilleure façon de vous protéger de la radioactivité, c'est d'aérer régulièrement votre logement pour éviter l'accumulation de radon.
Bonjour Sébastien,
J'ai regardé avec attention vos videos et votre site.
Mais étant vraiment loin de vos connaissances,j'ai une question
Voila mon cas,je veux mesurer le taux de radioactivité de ma maison en bois(le.bois vient d'europe de l'est)
Quel appareil acheter pour cela et quels sont les niveaux critiquent de radioactivité à ne pas depasser?
Très cordialement
Ugo
Bonjour Oskar,
S'agissant d'une question portant sur les matériaux de construction, seul le rayonnement externe a priori peut être un sujet de préoccupation (pas de contamination interne à redouter). Un simple compteur geiger même d'entrée de gamme devrait suffire à détecter une anomalie. On peut considérer de façon à peu près certaine qu'il y a une anomalie quand le débit de dose à l'intérieur de votre maison est de 4X le débit de dose à l'extérieur de votre maison. Après anomalie ne veut pas forcément dire qu'il y a danger. Pour ce qui est d'évaluer le danger (ou l'absence de danger) je vous renvoie à cet article : http://www.sebastien-billard.fr/tac... (attention les débits de dose dans la tableau excluent le rayonnement naturel)
Bonjour Sebastien,merci de votre réponse,
Je vais aller voir votre article,
Quand vous dites entrée de gamme,vous pensez à un appareil en particulier?
Cordialement
Ugo
@ Oskar : l'entrée de gamme concerne les compteurs geiger entre 100 et 200 euros. Dans cette gamme de prix vous avez le GMC-320 de chez GQ electronice, le Terra-P de chez Ecotest, le Radex ONE de chez Radex. Tous ont une sensibilité similaire (dans le cas du Terra-P il faudra enlever le capot du tube à l'arrière de l'appareil pour une sensibilité maximale). Evitez par contre les détecteur à 35€ que l'on branche sur un téléphone, ils sont trop peu sensibles et sujets aux signaux parasites.
Bonjour Sebastien merci pour toutes ces infos.
Bonne journée
Bonjour,
Bravo pour toutes ces infos.
Je viens d'acquérir une maison située sur une zone ou il faut faire attention au radon (comme me l'a expliqué le notaire)
Etant musicien, je souhaitais refaire mon studio de musique dans le sous sol et pour cela consacrer une pièce assez étanche...sans fenêtres. Quel type de détecteur puis je acheter pour vérifier et suivre la concentration de ce gaz dans mon sous sol ?
Après quelques recherches j'ai pu lire qu'un niveau de 100 Becquerels était normal pour le Radon, et qu'a partir de 300 c'était anormal. je n'ai pas très bien compris comment on passe de Becquerels en Sieverts... les appareils de détection font il les deux unités ?
Encore merci pour vos recherches.
Nicolas
@ Nicolas : bonjour :) Pour le radon le compteur geiger n'est pas le bon outil, il faut un détecteur dédié. Le moins cher est un détecteur passif que vous aller laisser en place un certain temps (quelques semaines ou mois) et que vous enverrez à un laboratoire qui vous donnera la teneur moyenne en radon du lieu. L'inconvénient est que l'on ne peut pas suivre l'évolution de la teneur en radon, sauf à faire de multiples analyses. Les détécteur électroniques sont plus cher mais permettent un suivi dans le temps et d'avoir les valeurs sur plusieurs périodes (dernier jour, dernier mois, année complète...). J'en avais testé un, le test est ici : http://www.sebastien-billard.fr/tac...
Les valeurs sont toujours en Bq/m³ car c'est la concentration qui compte. Si on veut transformer ça en sieverts inhalés c'est un peu complexe car on ne trouve pas de valeurs de DPUI basées sur les becquerels. Pour la radon c'est un calcul basé sur les joules des désintégration alpha que je ne sais pas faire. Cf https://sstie.ineris.fr/consultatio...