Plus ou moins régulièrement, il est fait mention dans l'actualité de contaminations radioactives dans l'air, dans l'eau ou ailleurs dans l'environnement. Le plus souvent les autorités et instituts de surveillance ont un discours rassurant, tandis que les ONG anti-nucléaires crient au scandale et à la mise en danger des populations. Difficile pour le citoyen de faire la part des choses entre ces deux discours : des becquerels, ça ne veut pas dire grand chose en terme de danger. Aussi je vous propose de vous faire vous-même votre idée dans la dangerosité d'une contamination en convertissant les becquerels en dose, en utilisant la notion de dose par unité incorporée (DPUI).

La DPUI d'un radioélément est la dose vie entière, exprimée en sieverts, qui résulte de l'incorporation d'un becquerel de ce radioélément, l'incorporation se faisant par inhalation ou par ingestion. Il peut exister plusieurs DPUI pour un même radioélément selon sa forme physico-chimique.

Les DPUI peuvent être trouvées dans des ouvrages spécialisés comme le Guide pratique radionucléides et radioprotection, mais les plus courantes sont accessibles gratuitement en ligne, notamment sur le site de l'IRSN. Pour calculer une dose, il suffit de multiplier la DPUI par le nombre de becquerels ingérés ou inhalés.

Prenons le tout récent exemple de la contamination de la Loire par du tritium, un isotope radioactif de l'hydrogène. Selon le communiqué de l'ACRO la concentration en tritium dans la Loire aurait atteint un maximum de 310 Bq/l. La fiche de l'IRSN sur le tritium nous dit que la DPUI du radioélément sous la forme d'eau tritiée par ingestion est de 1.8E-5 µSv/Bq. Boire un litre d'eau de la Loire contaminée aboutirait donc à 310*1.8E-5 µSv soit une dose vie entière de 0.00558 µSv ou 0.00000558 mSv. En réalité, étant donné la très courte période biologique du tritium, l'intégralité de cette dose sera délivrée en moins d'une année

La dose légale maximale admissible pour le public en plus de l'irradiation naturelle (2.4mSv/an) et médicale est de 1 msV/an. Cette dose légale est elle-même cent fois inférieure à la dose de 100 msV qui est la plus basse dose pour laquelle on a pu démontrer un excès de cancers. Pour atteindre la dose légale de 1 mSv il faudrait boire 179211 litres d'eau de la Loire contaminée au tritium, soit 491 litres par jour, ce qui est biologiquement impossible. Il n'y a donc en l'espèce pas de danger réel avec cette contamination, même si celle-ci reste une anomalie et doit être étudiée.