Incendies autour de Tchernobyl : faut-il s'inquiéter ?
Par Sébastien Billard le lundi 4 mai 2015 19:12 - Radioactivité
Un article de l'Express évoquant les incendies de forêt autour de Tchernobyl et relayé sur Facebook dans les groupes survivalistes a récemment retenu mon attention. L'article évoque pour la France un "triplement de la radioactivité". En réalité, il s'agit plus probablement d'un triplement de l'activité constatée pour le seul Césium 137, et non d'un triplement de la radioactivité ambiante totale. Le même phénomène avait d'ailleurs été constaté lors d'incendies précédents.
Cette hausse de la teneur en Cesium 137 dans l'air est-elle dangereuse ? Pour le savoir il faut essayer de convertir cette activité (un nombre de desintégrations par unité de volume) en sieverts (l'unité servant à estimer la dangerosité biologique).
L'article parle d'une activité de "1.5 microbecquerels par mètre cube" (contre 0.5 en temps normal), soit en notation scientifique 1.5e-6 Bq/m³. Pour le Césium 137, d'après l'ouvrage de référence "Radionucléides et Radioprotection", le débit de dose efficace par immersion, qui inclue à la fois les doses reçues par inhalation, par ingestion et par irradiation externe est de 1.1e-6 µSv/h par Bq/m³. La dose efficace reçue en une journée avec une activité de 1.5µBq/m³ serait donc de 24*(1.5e-6*1.1e-6) = 3.96e-11 µSv.
A titre de comparaison la radioactivité naturelle moyenne en France représente une dose d'environ 2mSv par an, c'est-à-dire 5.48 µSv par jour. Soit 138.4 milliards de fois plus que la dose susceptible d'être apportée par les incendies de Tchernobyl. Voila de quoi relativiser et ne pas s'inquiéter pour rien :)
Commentaires
Complément d'info, selon un professionnel de la radioprotection travaillant sur place :
- L'incendie se situait au sud de la centrale dans une zone relativement peu contaminée.
- Des contrôles ont été effectués sur les cendres qui se déposaient sur les vêtements, tous ont été négatifs.
- Les balises de surveillance n'ont détecté aucun becquerel supplémentaire.
- Aucune mesure d'évacuation ou de port de masque imposé n'a été mise en place
Quand on nous parle du moindre problème autour de Tchernobyl, les gens s'inquiètent systématiquement. Or, nous vivons quotidiennement avec la radioactivité sans que cela nous inquiète et, comme dis dans l'article, l'activité radioactive en France et plus importante que celle de Tchernobyl donc mieux vaut bien se renseigner avant de paniquer sans connaitre tous les éléments.
En cas de risque comme celui des incendies, le mieux est de se fier à la CRIIRAD, les autres sources d'informations comme les agences d'état ne sont pas fiables. Ce problème a largement été prouvé par l'accident de Tchernobyl et Fukushima. Difficile de se faire une idée tellement l'information est biaisée par l'économie et les dogmes.
La CRIIRAD est tout sauf fiable, il s'agit d'une association partisane, la façon dont ils communiquent en est la preuve (utilisation de compteurs à scintillation ultra sensibles pour faire peur alors qu'un dosimètre montrerait qu'il n'y a pas de dangerosité réelle). Moi en cas d'accident nucléaire, je suivrais l'IRSN et l'ASN, et mon propre matériel.
Bonjour Seb,
je sais que ce commentaire commence à dater, mais je serais vraiment intéressée d'avoir ton point de vue plus détaillé au sujet de la CRIIRAD, des scintillateurs et dosimètres.
De leurs communications, je constate effectivement qu'ils utilisent surtout des appareils qui donnent des mesures en coups par seconde qui arrivent dans des valeurs très élevées, de l'ordre de plusieurs milliers, dans un environnement ordinaire.
Je me suis demandé : "si on pouvait détecter absolument tous les rayonnements ionisants dans un volume donné, quelle serait la valeur en CPS...et surtout pour quel résultat en uSv/h !
Merci d'avance !
Isabelle M : Concernant le nombre de CPS absolu je n'en ai aucune idée et je n'ai jamais vu d'articles ou d'études à ce sujet. De toute façon sur le plan pratique (celui de la radioprotection et de la mesure) ce n'est pas vraiment intéressant car le nombre de coups n'indique pas une dangerosité biologique, et variera selon les détecteurs (un appareil à scintillation de grand volume comptera par ex 500 CPM là ou un compteur geiger comptera 30 CPM alors que la radioactivité est la même). Pour ce qui est des µSv par contre on sait les estimer et la valeur ne varie pas normalement selon les appareils (à conditions qu'ils soient bien étalonnés, et compensés en énergie bien sûr). Tu peux avoir une estimation précise du débit de dose ambiant sur ce site de l'IRSN : https://sws.irsn.fr/sws/mesure/inde...
J'espère que ça répond à ta question ?
Bonjour,
merci de ta réponse. En fait, mais question portait plus sur ton point de vue concernant la CRIIRAD. Ma rélfexion portait sur le fait que d'un appareil à l'autre, effectivement les CPS peuvent être mesurés avec un facteur 1000. On voit de nombreuses vidéos où l'intervenant de la CRIIRAD s'inquiète et parle en valeurs absolues de CPS -par exemple "olà, on monte à 5000 coups ici !". Alors qu'en terme de dosimétrie, le débit de dose peut très bien rester dans l'ordre de grandeur du bruit de fond.
Isabelle M : ok je comprends mieux ta question :) Je pense que les vidéos que publie la CRIIRAD sont intellectuellement malhonnêtes, ou du moins peu objectives, car ils utilisent des appareils très sensibles pour impressionner (waou ! 100X le nombre de CPM normal au contact), sans donner la valeur réelle du débit de dose efficace, qui lui seul peut permettre de juger objectivement de la dangerosité biologique d'une source ou d'un lieu contaminé. De même ils font des mesures au contact avec des appareils calibrés pour mesurer des doses efficaces, donc corps entier. C'est un peu comme si on mesurait la température à 1 cm d'une allumette tenue à bout de bras pour dire que le corps de la personne est exposé à des centaines de degrés. J'aimerais que sur leurs lieux d'investigation, ils montrent les valeurs de débits de dose à 1m du sol, affichées par des dosimètres / débitmètres compensés en énergie.