Savez-vous quelle est la principale source d'exposition des français à la radioactivité ? Ce ne sont pas les centrales nucléaires, ni les radioélements libérés lors des centaines de tests atomiques, ni les retombées des nuages radioactifs de Chernobyl ou Fukushima. La principale source d'exposition, et de loin, est un gaz naturel, le radon. Le fait qu'il soit naturel n'en fait pas un gaz inoffensif : le radon serait à l'origine en France de 1000 à 3000 décès par cancer du poumon, et des recherches sont menées pour voir s'il ne serait pas impliqué dans d'autres maladies, comme les leucémies infantiles.

Carte radon France (données IRSN)

Le radon est un produit de la désintégration du radium, lui même issu de la désintégration de l'uranium. C'est surtout à l'intérieur des maisons qu'il pose problème, car il tend à s'y accumuler. Toutes les régions ne sont pas concernées de façon égale par le risque radon. Les régions granitiques, au sol riche en uranium, sont les plus concernées comme la Bretagne, le Massif Central, la Corse, le Limousin... Les région sédimentaires sont moins à risque en général mais le taux de radon peut néanmoins être localement élevé quand il y a des failles. C'est le cas par exemple de certains endroits du pays minier dans le Nord Pas-de-Calais. Le mieux est donc d'interroger le site de l'IRSN pour connaître le potentiel radon de votre commune (ou le site de l'AFCN pour la Belgique).

Le radon ne peut pas être détecté avec un compteur geiger. D'abord parce que c'est un émetteur alpha et que la plupart des compteurs geiger ne détectent que les rayons beta et gamma, et surtout parce que les activités volumiques sont trop faibles pour être mesurées avec ce type d'appareil. Jusque ici, le seul moyen pour un particulier de mesurer la présence de radon était d'acheter un kit au charbon actif, de le laisser 2 mois dans la maison sans y toucher et de le renvoyer à un laboratoire pour obtenir les résultats de la mesure. Pas très rapide ni très pratique.

Détecteur de radon Canary

Heureusement, la technique progresse et la société norvégienne Corentium a mis au point un détecteur électronique, le Corentium Home (anciennement Canary), qui non seulement affiche des résultats plus rapides, mais est aussi plus précis. L'incertitude de la mesure est ainsi de 20% après une semaine et 10% après un mois. Pour atteindre cette précision, le détecteur utilise la spectrométrie alpha. Il faut compter une semaine de mesure pour obtenir des résultats statistiquement fiables, même si on peut déjà avoir une idée approximative de la quantité de radon au bout de 24h à 48h.

Le Canary est un appareil très simple à utiliser, il est d'ailleurs dépourvu de tout bouton et se met en route dès que les 3 piles AAA qui l'alimentent sont insérées. Il faut toutefois veiller à bien positionner le Canary pour que les mesures soient justes : l'appareil doit ainsi être positionné à plat, à au moins 50cm du sol et à au moins 1.50m de toute porte, fenêtre ou bouche d'aération. Il est également suggéré d'effectuer les mesures en période de chauffage. L'autonomie du détecteur avec un jeu de piles est de 2 ans, ce qui fait qu'on peut laisser l'appareil allumé en permanence.

Le Canary affiche trois mesures, toutes exprimées en Becquerels/m³. Le "long term average" correspond à la moyenne de l'activité radon depuis que l'appareil est allumé. C'est donc une mesure sur le (très) long terme. Le "short term average" correspond aux moyennes des activités pour les sept derniers jours et les dernières vingt-quatre heures. La moyenne des sept derniers jours est actualisée une fois par jour, tandis que la moyenne des dernières vingt-quatre heures est actualisée toutes les heures. Ce qui est pratique pour constater soit les variations naturelles, soit les résultats des actions d'aérations destinées à faire baisser le radon.

A mon domicile, en métropole lilloise, la concentration moyenne en radon affichée par le Canary pour le rez-de-chaussée est de 25 Bq/m³ ce qui coincide avec les données IRSN pour ce lieu. Ce niveau d'activité est satisfaisant en terme de risque, puisque il est sensiblement inférieur au seuil des 100 Bq/m³ que l'OMS recommande de ne pas dépasser, et est également bien inférieur au futur maximum légal européen de 300 Bq/m³ à l'intérieur des habitation fixé par la directive Euratom de 2014. A l'étage, dans la pièce ou je stocke mes quelques minéraux radioactifs ainsi qu'une montre et un réveil au radium, la concentration est encore plus basse : 20 Bq/m³. Ce qui montre que la faible quantité de radioéléments qui s'y trouve n'est pas un problème en terme d'émanations de radon, d'autant plus que tous ces objets sont stockés dans des sachets plastiques et conteneurs étanches.

Le détecteur de radon Canary peut être acheté directement auprès du fabriquant pour 199€ environ et est également proposé par Amazon et quelques distributeurs français comme Cdiscount. Merci à Halvor Wøien de la société Corentium pour avoir permis ce test !