C'est en lisant l'étude des Robins des Bois sur la radioactivité naturelle renforcée des phosphogypses (PDF), commandée par l'Autorité de Sûreté Nucléaire, que j'ai découvert que nous avions un terril de phosphogypse en plein métropole lilloise, à Wattrelos. Ce terril fait partie de l'ancienne fiche UCPK, transformée depuis en espace naturel. Ma première visite sur le site, de courte durée à cause du mauvais temps avait été quelque peu décevante sur le plan de l'intérêt radiologique, le compteur geiger ne relevant aucune hausse significative de la radioactivité, même à deux mètres du terril (28 CPM mais le temps était pluvieux et les descendants du radon pouvaient fausser la mesure). Dans un sens, tant mieux, cela montre que la requalification de la friche industrielle a été bien effectué.

Terril phosphogypse Wattrelos friche PCUK

La deuxième visite a été plus concluante car j'ai pu monter sur le terril lui-même. Cela est en principe interdit, mais la clôture est grande ouverte en plusieurs endroits. Le lieu est superbe : une vrai petite réserve naturelle en miniature. J'ai pu y croiser plusieurs lapins, des corvidés et même un renard. En ce qui concerne les rayonnements, le nombre de détections beta et gamma affiché par le compteur oscille entre 35 et 50 CPM, quand la moyenne du bruit de fond est autour de 15-20 CPM un kilomètre plus loin :

Radioactivité terril PCUK Wattrelos

On a donc bien une radioactivité additionnelle sur le terril, même s'il n'y a pas de quoi fouetter un chat. A titre de comparaison cette radioactivité est à peine supérieure à celle que je peux mesurer à l'intérieur de notre maison en brique de la métropole. Les études que j'ai pu lire envisageant différents scénarios d'exposition sur le site montrent d'ailleurs que l'exposition des personnes à proximité des terrils est minime.

J'ai pu prélever un échantillon de quelques dizaines de grammes de phosphogypse du terril. L'activité n'est pas extraordinaire, mais on y décèle quand même lors d'une mesure suffisamment longue par spectrométrie gamma les pics d'énergie caractéristiques des descendants de l'uranium et du radium :

spectrométrie gamma phosphogypse

Comme on peut le voir, les pics de Pb214 à à 295 keV et 352 keV et le pic de Bi214 à 609 keV sont clairement visibles. Au final le site PCUK s'avère une promenade très intéressante pour les amateurs de nature et les férus de science :)