Radioactivité naturelle renforcée : les terrils de phosphogypse
Par Sébastien Billard le vendredi 6 mai 2016 21:52 - Radioactivité
C'est en lisant l'étude des Robins des Bois sur la radioactivité naturelle renforcée des phosphogypses (PDF), commandée par l'Autorité de Sûreté Nucléaire, que j'ai découvert que nous avions un terril de phosphogypse en plein métropole lilloise, à Wattrelos. Ce terril fait partie de l'ancienne fiche UCPK, transformée depuis en espace naturel. Ma première visite sur le site, de courte durée à cause du mauvais temps avait été quelque peu décevante sur le plan de l'intérêt radiologique, le compteur geiger ne relevant aucune hausse significative de la radioactivité, même à deux mètres du terril (28 CPM mais le temps était pluvieux et les descendants du radon pouvaient fausser la mesure). Dans un sens, tant mieux, cela montre que la requalification de la friche industrielle a été bien effectué.
La deuxième visite a été plus concluante car j'ai pu monter sur le terril lui-même. Cela est en principe interdit, mais la clôture est grande ouverte en plusieurs endroits. Le lieu est superbe : une vrai petite réserve naturelle en miniature. J'ai pu y croiser plusieurs lapins, des corvidés et même un renard. En ce qui concerne les rayonnements, le nombre de détections beta et gamma affiché par le compteur oscille entre 35 et 50 CPM, quand la moyenne du bruit de fond est autour de 15-20 CPM un kilomètre plus loin :
On a donc bien une radioactivité additionnelle sur le terril, même s'il n'y a pas de quoi fouetter un chat. A titre de comparaison cette radioactivité est à peine supérieure à celle que je peux mesurer à l'intérieur de notre maison en brique de la métropole. Les études que j'ai pu lire envisageant différents scénarios d'exposition sur le site montrent d'ailleurs que l'exposition des personnes à proximité des terrils est minime.
J'ai pu prélever un échantillon de quelques dizaines de grammes de phosphogypse du terril. L'activité n'est pas extraordinaire, mais on y décèle quand même lors d'une mesure suffisamment longue par spectrométrie gamma les pics d'énergie caractéristiques des descendants de l'uranium et du radium :
Comme on peut le voir, les pics de Pb214 à à 295 keV et 352 keV et le pic de Bi214 à 609 keV sont clairement visibles. Au final le site PCUK s'avère une promenade très intéressante pour les amateurs de nature et les férus de science :)
Commentaires
Très intéressant ! :)
Merci pour ce post, Sébastien !
bonjour - en recherche d'info concernant le site PCUK je lis votre article "rassurant" mais je suis surprise de ne trouvé que des articles qui nous disent que tout va bien alors qu'il s'agit d'une pollution importante qui remontent à des années : et maintenant tout va bien ? si j'ai bien compris on a "enterré" le problème... c'est curieux il m'a semblé qu'on était en train de creuser une partie du terril !!! tout va bien encore ?
@ Tine du 59 : je ne suis pas au courant de travaux sur le terril peut-être faudrait-il que je retourne là bas… êtes vous une riveraine ? Mon point de vue : l'aspect radioactif de cet endroit n'est pas un réel problème car les niveaux sont très faibles. La pollution chimique est peut être plus préoccuppante, mais l'aménagement du site a "fixé" la pollution qui ne se répand donc pas aux alentours.
Bonjour,
Je suis riverain et je constate systématiquement des écoulements de couleur jaune des tuyaux de drainage issus de cette zone polluée qui se déversent dans le canal parallèle au canal de l'espierre
La friche est devenue une belle zone naturelle mais je doute qu'elle soit totalement redevenue saine. Cela n'empêche pas pour autant la colonisation par des espèces animales. Lapin, renard, batraciens, etc....