Casio MRW-200H : l'autre montre de la NASA

Parmi les montres approuvées par la NASA, le modèles Speedmaster et X-33 de chez Omega et le modèle DW-5600 de chez Casio sont bien connus. Mais ce ne sont pas les seules montres utilisée par l'agence spatiale américaine : la très modeste Casio MRW-200H est également utilisée par les pilotes de l'agence dans le cadre du progamme WB-57F.

Montre Casio MRW-200H et bracelet velcro type NASA

Ce programme utilise d'anciens avions espions des années 60 en tant que plateformes scientifiques pour des vols pouvant évoluer jusque 82000 pieds, soit 25 km d'altitude. Durant ces vols, les pilotes sont équipés de combinaisons pressurisées S1034 PPA fabriquées la société David Clark, utilisées également par les pilotes de U2. Ces combinaisons sont similaires à celles portées par les astronautes lors des décollages et des retours sur terre. Ci-dessous deux pilotes de l'armée américaine portant cette combinaison à l'occasion d'un entrainement sur WB-57F (image U.S. Army Space and Missile Defense Command) :

Pilote de la NASA en combinaison pressurisée S1034 PPA portant une Casio MRW-200H

Sur la manche gauche, une plateforme velcro sur laquelle est fixée... une montre Casio MRW-200H :

Cette montre à quartz, étanche à 100m, n'affiche pas de spécifications extraordinaires, mais elle est robuste, lisible et très abordable : une trentaine d'euros environ. Le boitier est en résine et le cristal est en acrylique. Son diamètre hors-couronne est de 42mm. Le bracelet d'origine est en résine, mais si on souhaite lui donner un look plus spatial, on peut l'équiper d'une bracelet velcro type NASA (SEB12100030), ce que j'ai fait. Le mien a été acheté chez Cheapest NATO. Ces bracelets au delà de leur histoire sont confortables, légers et facilement ajustables.

Montre Sturmanskie Gagarin vintage retro 33mm

12 avril 1961. A bord du vaisseau Vostok 1, le lieutenant Youri Gagarine, pilote de chasse de l'armée soviétique, s'envole pour ce qui sera le premier vol habité dans l'espace. A son poignet, la montre de dotation qu'il a reçu en 1957 à l'occasion de l'obtention de son brevet de pilote : une Sturmanskie ("navigateur" en russe) mécanique à 17 rubis, fabriquée par l'usine horlogère moscovite n°1 "Kirov" (abrégée 1МЧЗ Кирова) qui deviendra plus tard Poljot ("vol" en russe).

Montre Sturmanskie Gagarin 33mm

La Sturmanskie, produite depuis 1954 (1949 pour la version 15 rubis) n'a pas été conçue spécifiquement pour les vols spatiaux. Néanmoins elle supportera très bien le vol et deviendra ainsi la première montre spatiale, neuf ans avant la très connue Omega Speedmaster.

Cela faisait longtemps que je rêvais de cette montre historique. Les modèles d'époque sont rares, chers, souvent en mauvais état, fréquemment contrefaits, et contiennent du radium. Les rééditions disponibles jusque ici étaient de mon point de vue insatisfaisantes car trop grosses par rapport à l'original, et avec des cadrans présentant des différences par rapport au modèle historique. Aussi quand j'ai vu sur le site Maier Uhren que la marque russe Volmax proposait une version rétro mécanique en 33mm aussi proche que possible de l'original, je n'ai pas hésité longtemps.

Cadran montre Sturmanskie

Le cadran est 100% correct tant au niveau des couleurs que des motifs et de la typographie (le radium en moins). A la différence des rééditions en 40mm, les lettres du mot "Штурманские" sont bien droites. Le motif "1МЧЗ Кирова" est bien reproduit. Le verre, minéral, est dômé comme sur le modèle d'origine. La forme du boitier, avec une entre-corne de 16mm, est également conforme à l'original. Petite différence par rapport aux sturmanskies vintage : les aiguilles ne sont pas bleuies mais peintes. Mais la peinture est très bien réalisée. Leur forme est légèrement différente sans que cela dénature la montre.

Arrière boitier Sturmanskie

Le mouvement diffère également du modèle historique, car il n'est plus produit depuis très longtemps. A la place un Poljot 2609 "neuf de stock" à 17 rubis sans stops seconde, qui reste cependant légitime car produit par la même usine moscovite. Ces mouvements sont bien des mouvements neufs, provenant de l'usine Poljot et n'ayant jamais servi. D'après Volmax, ils ont été fabriqués entre 2000 et 2002 juste avant la fin de leur production. Après démontage du mouvement, chaque pièce est nettoyée, inspectée et lubrifiée. Le mouvement est ensuite ré-assemblé. Force est de constater que la montre fonctionne très bien.

Wristshot Sturmanskie 33mm

Au final j'adore cette montre tant pour son histoire que pour son esthétique. La taille de 33mm passe très bien sur un poignet de 17.5 cm. Le fait que la montre ne possède pas de lunette, qu'elle affiche une épaisseur de 12mm et soit montée sur un bracelet cuir épais de 3.5mm lui donne une présence plus importante que ce que son diamètre pourrait laisser penser.

Si vous êtes intéressés vous aussi par cette Sturmanskie, je vous conseille le site allemand Maier Uhren. Le service est excellent et je remercie Irina d'avoir fait l'interface avec le fabricant Volmax pour répondre à mes questions.

RiumGM : compteur geiger connecté et compensé en énergie

En mai dernier je vous présentais le détecteur Rium de la société française Icohup. Cet appareil à scintillation permettait à la fois des détecter la radioactivité d'un lieu ou d'un objet, et de déterminer la nature des radionucléides en présence. Le détecteur que je vais vous présenter aujourd'hui, le RiumGM, fonctionne lui sur la base d'un tube Geiger-Müller (d'où le suffixe "GM") et n'a vocation qu'à estimer des débits de dose. Ce détecteur a été développé en partenariat avec l'IRSN dans le cadre du projet collaboratif OpenRadiation qui inclue également l’Institut Français des Formateurs aux Risques Majeurs et à l’Environnement (IFFO-RME), l'association Planète Sciences et le FabLab de Sorbonne Universités.

Compteur geiger RiumGM

Le Rium GM se présente comme un cylindre de 13cm de long et s'utilise connecté à un appareil Android, comme un smartphone ou une tablette. Il s'agit donc d'une sonde. La connexion se fait par un câble USB. L'exploitation de l'appareil peut se faire soit via l'application RiumGM, soit via l'application OpenRadiation, publiée par l'IRSN. Une diode LED sur la sonde émet un flash lumineux pour chaque particule détectée. Le tube Geiger-Müller qui équipe le détecteur est un J306 de fabrication chinoise. Le RiumGM est compensé en énergie. Ce détail a toute son importance pour la fiabilité des mesures d'ambiance. En effet, les tubes Geiger-Müller ont une sensibilité qui varie en fonction de l'énergie des rayons gamma. Cela signifie que pour un même fluence (un même nombre de particules traversant le détecteur en un temps donné), le nombre de détections variera en fonction de l'énergie des rayons gamma émis par les radionucléides. Si l'estimation du débit de dose est basée sur le nombre de détections, cela faussera alors le nombre de µSv/h affichés par l'appareil quand les énergies émises sont différentes de celles pour lesquelles le compteur a été calibré (le plus souvent le Cesium 137 à 662 keV).

D'une façon générale Les tubes Geiger-Müller ont une sensibilité bien plus importante dans les basses énergies (inférieures à 100 keV). Cela est bien visible sur la courbe de réponse du tube LND712 qui équipe le Monitor 200 de chez SEintl (j'ai choisi cette courbe car je n'ai pas celle du J306) :

Courbe de réponse typique d'un compteur geiger

L'axe horizontal représente les énergies des photon gamma en keV. L'axe vertical représente le taux de comptage relatif, c'est à dire le nombre de détections. On voit que dans la zone verte, de 200 keV à 1500 keV environ, la courbe est relativement plate. Cela signifie que le nombre de détections varie très peu en fonction de l'énergie. Par contre dans la zone rouge, de 40 keV à 200 keV, la courbe forme un pic qui culmine vers 60 keV. Pour cette énergie, à fluence égale, le nombre de détections pourra être 7 fois supérieur à celui observé pour une énergie de 600 keV. En conséquence les débits de dose affichés par un appareil pourront être surestimés d'un facteur allant jusque à 7 dans les basses énergies.

Les concepteurs du Rium ont réglé ce problème en dotant leur détecteur d'un dispositif de compensation en énergie. Concrètement il s'agit d'habiller le tube avec un matériau qui va bloquer une partie des rayons de basse énergie, de façon à obtenir une courbe de réponse la plus plate possible sur l'ensemble du spectre. Ce que l'on perd en sensibilité, on le gagne en précision des débits de dose. Dans le RiumGM c'est une fine feuille de plomb qui joue ce rôle. La calibration, si j'en crois les données affichées par mes autres détecteurs professionnels compensés en énergie (Rotem RAM GENE-1 et Polimaster PM1621) est correcte quoique un peu haute avec l'application RiumGM. Les meilleures mesures sont obtenues avec des mesures longues, de l'ordre de la minute.

L'application RiumGM est très simple à utiliser puisque elle se borne à afficher le taux de comptage en CPS (coups par seconde) et le débit de dose en µSv/h. J'aimerais personnellement que des CPM (coups par minute) soit utilisés au lieu des CPS car à bas débit on a souvent un nombre de CPS oscillant entre 0 et 1, ce qui est peu précis.

L'application OpenRadiation offre davantage de possibilités, dont celle de partager des relevés de débit de dose et de cartographier les débits de dose d'un site. Super intéressant quand ont souhaite explorer un site contaminé ou un lieu ayant une activité radiologique. Exemple pour mon quartier (non contaminé) :

Exemple de cartographie du débit de dose d'un quartier de Marcq en Baroeul

Il faut toutefois compter 1 min 30 à 2 min de mesure par relevé, l'application OpenRadiation considérant qu'une mesure est statistiquement fiable à partir de 50 particules détectées.

La calibration est meilleure avec l'application OpenRadiation qu'avec l'application RiumGM dans sa version 1.0.1, avec des valeurs qui sont quasi identiques à celles affichées par mes appareils professionnels. Cela est dû à des facteurs de calibration différents dans les deux applications. La prochaine version de l'application RiumGM devrait régler ce problème, puisque le facteur utilisé sera le même que celui de l'appli OpenRadiation.

Au final, mon impression est que le RiumGM est un appareil de détection très intéressant pour se livrer à des études de sites et à des recherches de contamination. Il devrait se révéler encore plus intéressant lorsque la fonctionnalité d'utilisation comme balise permanente reliée à un PC sera implémentée. Icohup m'a confirmé que ce mode balise figurait bien dans la feuille de route des développements, même si la date de disponibilité n'est pas encore fixée. En tant que simple détecteur, l'appareil fonctionne bien, et c'est à ma connaissance le détecteur compensé en énergie le moins cher du marché. Mais il faut accepter le fait que celui-ci ne soit pas autonome car dépendant d'un appareil sous Android.

Cartes "bio énergie" radioactives

La récente affaire des cartes magiques radioactives en Thailande m'a rappelé que je possédais depuis plusieurs années une de ces cartes. J'avais fait une vidéo à l'époque, sans pouvoir faire une spectrométrie gamma (même si je savais que ces cartes contenaient du thorium).

Carte "bio energy" radioactive

Ces cartes utilisant souvent les termes "bio énergie" (bio energy), "énergie scalaire" (scalar energy) ou "infrarouges lointains" (far infrared) sont censées protéger leur porteur et guérir de tout et n'importe quoi grâce aux ions négatifs et à l'énergie qu'elles émettent. La mienne par exemple est censée améliorer la circulation sanguine, réguler le métabolisme, promouvoir les processus naturels de guérison et protéger des radiations. Elle permettrait également de réduire la fatigue, de supprimer les odeurs corporelles, de lutter contre les douleurs, d'adoucir les cigarettes, d'améliorer la qualité du sommeil, et d'assainir l'air de l'habitacle des voitures. Rien que ça ! Si j'ai de gros doutes sur toutes ces propriétés je n'ai plus de doutes sur le fait que ces cartes émettent bien de l’énergie, sous formes de rayons alpha, beta et gamma. Pour le dire simplement, elles sont bien radioactive :) Mon compteur geiger affiche ainsi à leur contact 600 CPM environ quand le bruit de fond naturel est de 26 CPM.

La spectrométrie gamma montre clairement que la carte contient du thorium puisque on y trouve les produits de sa filiation. On y trouve ainsi le pic de Pb212 à 239 keV, et les pics d'Ac228 à 338, 911, 969 et 1588 et 1631 keV :

spectrométrie gamma d'une carte "bio energy" montrant la présence de thorium

Ces cartes ainsi que plein d'objets du même genre tels que des pendentifs, des sous-verres, des baguettes à faire tremper dans l'eau de boisson sont très facilement trouvables sur Ebay ou sur des sites asiatiques. Il n'est évidemment jamais fait mention de leur caractère radioactif...

Contamination radioactive : convertir des becquerels en sieverts grâce aux DPUI

Plus ou moins régulièrement, il est fait mention dans l'actualité de contaminations radioactives dans l'air, dans l'eau ou ailleurs dans l'environnement. Le plus souvent les autorités et instituts de surveillance ont un discours rassurant, tandis que les ONG anti-nucléaires crient au scandale et à la mise en danger des populations. Difficile pour le citoyen de faire la part des choses entre ces deux discours : des becquerels, ça ne veut pas dire grand chose en terme de danger. Aussi je vous propose de vous faire vous-même votre idée dans la dangerosité d'une contamination en convertissant les becquerels en dose, en utilisant la notion de dose par unité incorporée (DPUI).

La DPUI d'un radioélément est la dose vie entière, exprimée en sieverts, qui résulte de l'incorporation d'un becquerel de ce radioélément, l'incorporation se faisant par inhalation ou par ingestion. Il peut exister plusieurs DPUI pour un même radioélément selon sa forme physico-chimique.

Les DPUI peuvent être trouvées dans des ouvrages spécialisés comme le Guide pratique radionucléides et radioprotection, mais les plus courantes sont accessibles gratuitement en ligne, notamment sur le site de l'IRSN. Pour calculer une dose, il suffit de multiplier la DPUI par le nombre de becquerels ingérés ou inhalés.

Prenons le tout récent exemple de la contamination de la Loire par du tritium, un isotope radioactif de l'hydrogène. Selon le communiqué de l'ACRO la concentration en tritium dans la Loire aurait atteint un maximum de 310 Bq/l. La fiche de l'IRSN sur le tritium nous dit que la DPUI du radioélément sous la forme d'eau tritiée par ingestion est de 1.8E-5 µSv/Bq. Boire un litre d'eau de la Loire contaminée aboutirait donc à 310*1.8E-5 µSv soit une dose vie entière de 0.00558 µSv ou 0.00000558 mSv. En réalité, étant donné la très courte période biologique du tritium, l'intégralité de cette dose sera délivrée en moins d'une année

La dose légale maximale admissible pour le public en plus de l'irradiation naturelle (2.4mSv/an) et médicale est de 1 msV/an. Cette dose légale est elle-même cent fois inférieure à la dose de 100 msV qui est la plus basse dose pour laquelle on a pu démontrer un excès de cancers. Pour atteindre la dose légale de 1 mSv il faudrait boire 179211 litres d'eau de la Loire contaminée au tritium, soit 491 litres par jour, ce qui est biologiquement impossible. Il n'y a donc en l'espèce pas de danger réel avec cette contamination, même si celle-ci reste une anomalie et doit être étudiée.

Trauma kit (V2)

Il y a un peu plus de deux ans je vous présentais mon trauma kit. Celui-ci a sensiblement évolué depuis.

Trauma kit V2

Les compresses 10*10cm restent, bien sûr, ainsi que les gants nitriles pour se protéger. Par contre exit le mouchoir et la bande cohésive pour fabriquer un pansement compressif : en situation de stress, pas sûr que ces élements soient utilisable rapidement de façon efficace. Aussi, je les ai remplacés par un matériel dédié, sous la forme d'un pansement compressif israélien Firstcare (version civile) associé à une compresse hémostatique Woundclot. J'y ai également inclus une compresse de gaze ainsi qu'un garrot à cliquet RMT en cas de nécessité. L'ensemble tient toujours dans la même pochette Magma de 22*17cm.

Des tampons dans un trauma kit ?

Les tampons hygiéniques sont parfois évoqués dans les milieux survivalistes comme pouvant servir à stopper une hémorragie telle que celles causées par une plaie par balle ou par projectile. Oubliez tout de suite cette astuce : il s'agit d'un mythe !

Avant d'aller plus loin, je tiens à préciser que je ne suis ni médecin ni urgentiste. Juste une personne ordinaire ayant passé une formation de SST au travail. Aussi les informations présentées dans ce billet sont basées sur les recommandations de professionnels (sources : 1, 2, 3, 4 et avis de Xavier Caugant), enrichies par mes propres recherches.

La première choses à savoir est que la quantité de coton présente dans un tampon est à peu près équivalent à celle d'une compresse de 10*10cm. Traiteriez-vous spontanément une hémorragie importante avec une telle compresse ? Probablement pas. Ces compresses ne sont adaptées que pour des saignements mineurs. Les menstruations représentent une perte de sang plus ou moins régulière de 50 ml par mois étalée sur une semaine, soit environ 7 ml par jour. Les hémorragie mettant la vie d'une personne en danger représentent une perte de sang égale ou supérieure à un litre, soit 140 fois plus, sur un temps très court, se chiffrant en minutes.

Un autre point important est que ce n'est pas tant l'absorption qui compte pour arrêter un saignement que la pression sur les vaisseaux lésés. C'est cette pression qui va arrêter le flux sanguin, ou au moins la ralentir suffisament pour que la coagulation puisse commencer. Avec son faible volume et sa faible densité, le tampon sera incapable d'exercer une pression suffisante sur la source d'un saignement important. Les professionnels utilisent un rouleau de gaze entier, parfois plusieurs pour combler une plaie lors des soins préhospitaliers dans les cas les plus graves. Le tampon avec son volume ridicule n'est tout simplement pas adapté pour cette utilisation.

Moralité : remplacez votre tampon par un rouleau de gaze standard et un pansement compressif israélien ou autre.

Test du détecteur de radioactivité Rium

Conçu par la société Icohup et fabriqué en France, le Rium est un boitier connecté permettant de détecter la radioactivité d'un milieu ou d'un objet, et de caractériser les énergies émises. Il ne s'agit pas d'un compteur geiger, mais d'un appareil de spectrométrie gamma portable, qui permet à la fois d'estimer un débit de dose et d'obtenir un spectre gamma pour identifier le radioélément à qui l'on a affaire. A la différence des compteurs geiger, le Rium ne détecte ni les rayons beta ni les rayons alpha. Le Rium utilise comme détecteur un cristal d'iodure de césium (CsI) d'un volume de 1.8 cm³ (6*6*50 mm). C'est un peu plus que celui le détecteur Armadillo que j'avais présenté il y a quelques années et qui était alors le spectromètre gamma le moins cher du marché (160 euros environ à l'époque).

Détecteur de radioactivité Rium

Physiquement, le Rium se présente comme un boitier en bois très léger d'une taille de 15*7*3 cm. Le seul contrôle présent sur l'appareil est le bouton marche/arrêt. Une diode signalant l'état du détecteur et une prise USB pour charger la batterie du détecteur sont également présents. L'exploitation du détecteur se fait exclusivement via l'application Rium, disponible sous Android ou sous iOS (voir la démonstration vidéo). Le Rium n'est donc utilisable qu'avec un smartphone ou une tablette (pour l'instant en tout cas car un mode USB utilisable avec un PC devrait voir le jour dans le futur) . L'application propose quatre vues. La première affiche le taux de comptage exprimé en coups par seconde (CPS) ainsi qu'une estimation du débit de dose :

mesure rium

La deuxième affiche une carte de l'endroit où l'on se trouve et permettra à terme de visualiser des mesures géolocalisées. La fonctionnalité de cartographie est prévue pour 2020. Mais il est d'ores et déjà possible de partager des mesures ponctuelles sur le site Riumnetwork.com. La troisième vue affiche le spectre gamma depuis le début de la mesure. La plage d'énergie et la largeur des canaux sont paramétrables. Il est également possible d'exporter les spectres sous forme de captures d'écran ou de fichiers CSV pour une exploitation dans un autre logiciel. La quatrième vue enfin affiche des graphes permettant de visualiser l'évolution des CPS dans le temps, la fenêtre temporelle étant paramétrable.

graphe Rium

A la différence de la plupart des spectromètres gamma, il n'est pas nécessaire de procéder au calibrage de l'appareil, celui-ci étant fait une fois pour toute en usine.

Qu'en est-il des performances ?

En ce qui concerne la détection et l'estimation des débits de dose, le cristal d'iodure de césium s'avère bien plus sensible qu'un compteur geiger. Dans mon bureau le bruit de fond du Rium tourne autour de 15 CPS quand celui de mon compteur GMC-300 tourne autour de 0.45 CPS. Le Rium est capable de détecter une source radioactive à une plus grande distance que mon compteur geiger GMC-300. Ce n'est toutefois pas le meilleur outil pour la prospection d'objets ou de minéraux radioactifs, car il y a un léger temps de latence entre la mesure et l'affichage dans l'application, et surtout aucune indication sonore du niveau de radioactivité n'est présent dans la version actuelle de l'application. Proposée dans les versions précédentes de l'application, celle-ci devrait revenir lors d'une prochaine mise à jour, avec la possibilité de paramétrer deux tonalités différentes en fonction des niveaux de radioactivité . Pour ce qui est du temps de latence, celui-ci peut réduit significativement en utilisant le mode "comptage" (l'affichage du débit de dose et du spectre sont alors désactivés).

Pour ce qui est du débit de dose, quand mes compteurs geiger Polimaster PM1621 et Rotem RAM GENE-1, tous deux compensés en énergie donc très précis, donnent des débits de 0.10 à 0.14 µSv/h pour le bruit de fond naturel, le Rium affiche un débit moyen de 0.18 µSv/h, légèrement au dessus donc. Mais le Rium est calibré pour donné des mesures d'ambience (doses H*10) et non pas pour faire de la dosimétrie personnel (doses Hp(10)). Cela est donc normal. Mon compteur Terra-P lui aussi calibré en H*10 affiche un débit similaire, oscillant entre 0.17 et 0.20 µSv/h.

Concernant la fonctionnalité de spectrométrie gamma, pour certains radioéléments, force est de constater que la sensibilité est décevante, et que les spectres manquent de résolution comparé à mon détecteur Armadillo qui pourtant est équipé d'un cristal plus petit. Cela vient probablement du fait que les deux types de détecteurs fonctionnent différemment : les détecteurs à carte son type Armadillo fonctionnent avec des logiciels PC tels que PRA, Beqmoni ou Theremino MCA qui filtrent les impulsions en supprimant celles qui ont une forme anormale. Ce que l'on perd en nombre d'impulsions, on le gagne en terme de qualité du spectre. Le Rium lui ne procède pas à un tel filtrage. L'appareil est donc plus sensible au bruit électronique et aux impulsions mal formées. En conséquence, les spectres sont moins bien définis, et à temps de comptage égal, certains pics significatifs qui auraient été visibles avec PRA, Beqmoni ou Theremino MCA avec un cristal de taille similaire ne sont pas visibles dans l'application Rium. Les choses s'améliorent un peu quand on active les fonctions "spectrométrie <500 keV" et "spectrométrie >200 keV" en fonction des zones d'intérêt, mais il s'agit d'une rustine à mon sens car un bon nombre d’éléments radioactifs courants comme l'uranium ou le thorium émettent de part et d'autre de ces limites.

Quelques exemples de spectres

Spectre d'1h10 de trois manchons de lanterne au thorium : rien ne permet de caractériser la présence de thorium. Les pics de Pb212 (239 keV) , Ac228 (911 et 969 keV), Ti208 (511 et 583 keV) sont à peine visibles :

spectre thorium Rium

Spectre de 8 minutes de deux tubes CK1097 contenant du césium 137. Cette fois-ci le Cs137 est bien visible, mais il faut dire que le Cs137 a un spectre très simple : un pic à 32 keV, un pic à 662 keV dans une région où le bruit de fond est naturellement faible :

spectre Cs137 Rium

Spectre de 26 minutes d'une jauge d'aviation au radium. Le pic du Bi214 à 609 keV est bien visible, ainsi que les pics de Pb214 à 325 et 295 keV :

spectre Ra226 Rium

Spectre de 5 minutes de trois pastilles d'americium 241 issues de détecteurs de fumée à ionisation. Sans surprise le pic de 59 keV est bien présent :

spectre Am241 Rium

Conclusion

Parmi les irritants, j'ai noté une tendance de l'application à planter sur ma tablette (Samsung Galaxy Tab S2), ce qui est embêtant pour les mesures longues. Cela dit la stabilité va en s'améliorant à chaque mise à jour de l'application et les plantage sont devenus rares. Il est de plus possible que ma tablette soit plus sujette aux bugs que d'autres appareils.

Quels sont au final les scénarios d'utilisation du Rium ? Pour de la simple détection, en l'état actuel un compteur geiger classique fera aussi bien, voir mieux grâce à l'indication sonore des détections. Cela pourrait changer avec les évolutions de l'application, puisque le retour des indications sonores est prévu. Pour la mesure d'ambiance, s'il est raisonnablement précis, le Rium n'apporte pas grand chose de plus qu'un compteur geiger grand public. Pour ce qui est de la spectrométrie gamma, à 399 euros, le Rium est actuellement le détecteur le moins cher du marché, et il ne nécessite aucune calibration. Un très bon point quand on ne possède pas de sources, ou quand on n'a pas les compétences ou la volonté pour étalonner un détecteur. Il est de plus portable. La personne souhaitant expérimenter de façon plus avancée à la maison sera cependant vite limitée par les possibilités de l'appareil et gagnera à opter directement pour un modèle offrant plus d'options et des cristaux de plus grandes dimensions, tels que ceux proposés par RH Electronics (à partir de 580 euros) . Le Rium se destine à mon sens davantage aux citoyens qui ne souhaitent pas spécialement expérimenter mais veulent tout de même posséder un appareil capable d'estimer une ambiance radiologique et d'identifier les radioéléments détectés. Une fois la fonctionnalité d'identification automatique implémentée, ce qui est prévu pour fin 2019, le Rium devrait répondre à leurs attentes. Un mode balise devrait également voir le jour dans une version future, avec une connectivité USB. Une fois ce mode disponible, le Rium intéressera aussi ceux qui souhaitent disposer d'un système de surveillance continue de la radioactivité.

Je remercie la société Icohup pour le long prêt de l'appareil ayant servi à écrire cette revue, ainsi que pour les nombreux échange que nous avons eu.

Poche MOLLE Savotta Vertical Pocket M

Dans un précédent billet je vous avais présenté les poches Omni-pouch de chez Karrimor SF. Ces poches sont d'une excellente qualité, mais à l'usage, quand il s'agit de permettre un accès rapide à un item, il s'avère que je préfère plutôt les fermetures éclair aux boucles fastex. Je suis donc parti en quête de la poche MOLLE idéale et après pas mal de recherches j'ai finalement opté pour le modèle Vertical Pocket M de chez Savotta.

Poches MOLLE Savotta Vertical Pocket M sur sac à dos Karrimor SF Predator 30

Savotta est une société familiale finlandaise qui fabrique des sacs à dos, et des équipements outdoor depuis 1955. Les produits Savotta sont fabriqué soit en Finlande, soit en Estonie. La société compte parmi ses clients aussi bien des civils que des militaires et membre des forces de l'ordre.

En France, les produits Savotta sont distribués par Résilience Nordic, une boutique en ligne spécialisée dans les activités d'extérieur, le bushcraft, la rando et la survie, qui propose exclusivement des produits en provenance d'Europe du nord (Savotta, Brisa, Kupilka...) avec une politique de prix très raisonnable pour ce type de produits, et des frais de port réduits. L'équipe est qui plus est sympathique, ce qui ne gâche rien.

Poche MOLLE Savotta Vertical Pocket M vue de côté

Revenons-en à la revue ;) Plusieurs personnes m'avaient recommandé les poches verticales 6*10 de chez 5.11, mais ces poches n'étaient pas assez larges à mon goût : 15.2 cm seulement alors que mon kit EDC, contenu dans une pochette MSM Tac Organizer fait 17 cm de large . Le modèle Vertical Pocket M correspond lui pleinement à mon cahier des charges : 17 cm de large, 26 cm de haut et 9 cm de profondeur soit une contenance de 4 litres environ. Mon kit EDC tient largement dedans, ainsi que tous les modèles de gourdes courants. On peut également faire tenir dans une seule pochette Vertical Pocket M deux bouteilles d'eau minérale d'un litre. Bref, on peut y mettre beaucoup de chose. J'apprécie le fait que la poche soit dépourvue de passants MOLLE en face avant : cela permet de gagner quelques grammes, et donne une allure un peu plus low profile au sac. J'aime aussi le fait que la fermeture éclair ne descende qu'à mi-hauteur : c'est plus sécurisant en cas de défaillance.

Vue intérieur Poche Savotta Vertical Pocket M

La qualité de fabrication est bonne. Le matériau utilisé est du Cordura 1000 deniers, avec enduction polyuréthane sur la face interne, et traitement déperlant sur l'extérieur. Un œillet de drainage est présent sur le fond. Les fermetures éclair à double curseur sont de marque Opti et sont annoncées comme étant résistantes aux intempéries. Contrairement aux photos et au descriptif officiel, les tirettes ne sont pas en cordelette, mais en métal. Elles sont un peu courtes à mon goût mais rajouter un tirette en paracorde est réalisé en quelques dizaines de seconde et c'est ce que j'ai fait sur les miennes .

Le système de fixation MOLLE est très classique et intégré à la pochette. Le verrouillage à la fin du tressage se fait en glissant l’extrémité semi rigide de la sangle entre la poche et le sac à dos. La rétention est très bonne. Notez qu'il vous faudra quatre passants MOLLE pour bien fixer la pochette. La fixation fonctionne aussi avec trois passants, mais la rétention m'inspire un peu moins confiance dans cette configuration.

Au final, je suis très satisfait de ces poches Vertical Pocket M, qui permettent de faire passer la capacité de mon sac de 30L à 38L tout en offrant un accès rapide. Leur prix est de 35 euros, ce qui est raisonnable pour ce niveau de qualité avec une fabrication européenne.

Glaciers radioactifs

Nouveau délire des journaux en mal de sensations : du fait du réchauffement climatique, les glaciers en fondant pourraient libérer de la radioactivité issue des essais nucléaires et des accidents de Chernobyl et Fukushima. Les glaciers contiendraient également de l'americium 241, un descendant du plutonium. Il est vrai qu'une étude a révélé des taux de cesium 137 et d'americium 241 plus élevés que la normale dans les sédiments (cryoconite) de certains glaciers. Pour autant cela représente-t-il un danger ?

Prenons l'hypothèse que j'ingère un kilogramme de cryoconite contaminée (hypothèse volontairement farfelue et majorante du risque). La plus forte contamination en Cs137, relevée sur un glacier suisse, était de 13558 Bq/kg. La dose par unité incorporée (DPUI) du cesium 137 est selon l'IRSN de 1.3E-2 µSv/Bq (PDF). L'ingestion d'un kilo de cette cryconite suisse aboutirait à une dose vie entière (dose sur 50 ans) de 13558*1.3E-2 microsieverts soit 176.254 µSv ou 0.176254 mSv. Or chaque année un français est exposé à environ 2.4 mSv du seul fait de la radioactivité naturelle. La dose vie entière entrainée par l'ingestion d'un kilo de sédiments contaminés représenteraient ainsi un peu moins de 0.15% de la dose reçue pendant la même période du seul fait de la radioactivité naturelle. Ce n'est rien du tout.

Qu'en est-il de l'americium 241 ? La plus haute valeur relevée, toujours sur le glacier suisse, est de 120 Bq/kg. La DPUI de l'Am241 est de 0.2 µSv/Bq (PDF). Ingérer un kilo de cryoconite aboutirait donc à une dose vie entière de 120*0.2 soit 24 µSv ou 0.024 mSv, une dose encore plus faible que celle liée au Cs137.

Pour résumer : si l'étude à l'origine de ces articles montre bien une contamination, il n'y a de mon point de vue pas de raison de crier au loup. L'auteur de l'étude, Caroline Clason, a d'ailleurs demandé au Daily Mail et aux autres journaux sur Twitter de ne pas déformer ses propos.

Casio G-Shock G2900F : le choix des plongeurs-démineurs de la Marine Nationale

C'est une G-shock d'entrée de gamme, sans aucun marketing autour, et c'est pourtant une des montres de dotation adoptée par les plongeurs démineurs de la Marine Nationale. Elle serait aussi utilisé par les plongeurs de la Gendarmerie Nationale.

Casio G-Shock G2900

Le modèle G2900F est à la fois basique et très complet. Son affichage LCD de grande dimension rend la montre extrêmement lisible et c'est probablement une des raison de son adoption par la royale. Sa taille très raisonnable la rend portable par tous, même par les petits poignets : visuellement elle n'est guère plus grosse qu'une DW5600. Le boitier est tout en rondeurs et ne présente pas d'aspérités. Parmi ses points forts, une autonomie remarquable de 10 ans, et un bouton d'illumination placé directement en façade, marqué du "G" emblème de la gamme. Comme toutes les G-Shock, la montre est étanche à 200m.

Casio G2900F au poignet

Côté fonctions on retrouve tout le nécessaire : en plus de l'heure (avec commutateur pour l'heure d'été) et du calendrier perpétuel, la montre propose une second fuseau horaire, 5 alarmes, un compte à rebours, un chronomètre, ainsi que la fonction "e-data" qui permet de stocker des informations alpha-numériques en mémoire. J'apprécie le fait que l'heure locale soit toujours visible dans le mode second fuseau horaire et dans le mode compte à rebours.

Montre Casio G-Shock G2900F au poignet d'un plongeur-démineur de la Marine Nationale

Au final, une G-Shock abordable avec un véritable pédigrée militaire, possédant toutes les fonctions utiles et facile à porter. La G-Shock 2900F peut être trouvée autour de 60€ sur Amazon, en fonction des coloris et des tarifs du moment.

Pics de rétrodiffusion et diffusion Compton en spectrométrie gamma

Dans le précédent billet, je vous parlais des "faux" pics tels que les pics-somme. Intéressons-nous aujourd'hui à d'autres caractéristiques des spectres gamma que la diffusion Compton et les pics de rétrodiffusion. La façon la plus évidente de mettre en évidences ces particularités et de partir du spectre d'un radioélément émettant un nombre limité de raies gamma. Le Cesium 137 est parfait pour ça puisqu'il n'émet que deux raies : l'une à 32 keV, l'autre à 662 keV.

Spectre Cs137 : front Compton et pic de rétrodiffusion

Que voyons-nous sur ce spectre ? Le pic à 662 keV, caractéristique, saute aux yeux. Le pic à 32 keV est plus discret mais bien présent. On observe aussi un pic d'absorption à 80 keV correspondant à la fluorescence X du château en plomb entourant la source et le détecteur.

Un autre pic se démarque nettement vers 196 keV. Pourtant le Cs137 n'émet pas dans cette énergie, et nous n'avons pas affaire non plus à un pic-somme. Ce pic est en fait un pic de rétrodiffusion.

Dans un monde idéal, tous les photons gamma de la source arriveraient dans le détecteur sans aucune interaction préalable et seraient absorbés entièrement par le scintillateur. Mais ce n'est pas le cas.

Une partie des photons entre en collision en dehors du détecteur avec des électrons faiblement liés à leur atome . Ces électrons sont éjectés, et le photon diffusé repart avec une énergie moindre (puisque une partie de son énergie initiale a été transmise à l'électron éjecté). Ces photons diffusés sont ensuite absorbés par le détecteur et forment un continuum dans le spectre allant de l'énergie initiale du photon avant diffusion (ici 662 keV) jusqu'à l'énergie après diffusion à 180° (aussi appelée rétrodiffusion). La rétrodiffusion ayant une probabilité supérieure aux autres diffusions il apparaît dans le spectre un pic de rétrodiffusion.

Une autre partie des photons entre en collision à l’intérieur même du détecteur avec des électrons faiblement liés à leur atome . Dans un certain nombre de cas, le photon diffusé quitte le détecteur, et seule l'énergie de l'électron est détectée. Cette énergie est variable et forme un continuum allant de 0 keV jusqu'au front Compton, aussi appelé discontinuité Compton.

Il est possible de calculer les énergies correspondantes au front Compton et au pic de rétrodiffusion à partir de l'énergie de départ des photons. L'énergie du front Compton est donnée par la formule E/(1+511/(2*E)) avec E étant l'énergie initiale du photon. L'énergie du pic de rétrodiffusion est donnée par la formule E/(1+(2*E/511)). Pour une énergie initiale de 662 keV, ces formules nous donnent 478 keV environ pour le front Compton, et 184 keV pour le pic de rétrodiffusion. Le spectre mesuré donne des valeurs très proches de ces valeurs théoriques, avec un pic de rétrodiffusion à 195 keV et un front Compton vers 475 keV (si on prend le milieu de la "falaise").

Pics-somme en spectrométrie gamma

An matière de spectrométrie gamma, il faut parfois se méfier des pics que l'on voit apparaître dans un spectre : tous ne sont pas forcément des pics d'absorption totale, c'est-à-dire des pics indiquant la présence d'un radioélément. Un exemple de "faux" pic est le pic-somme : une sonde gamma transforme les flashes émis par les rayons gamma traversant le cristal en impulsions, dont l'intensité est proportionnelle à leur énergie. Un problème se pose quand les flashes sont simultanés ou trop proches dans le temps : dans ce cas, ces flashes peuvent être vus comme un seul, dont l'intensité correspond à la somme des intensités des flashes individuels. Sur le spectre, cela se traduit par l'apparition de pics-somme dont l'énergie correspondant à l'addition des énergies des pics d'absorption de forte intensité. Cela est clairement visible sur ce spectre de trois pastilles d'americium 241 (Am241), d'une activité totale d'environ 2.7 µCi, fait au contact :

Pic-somme sur spectre gamma Am241

L'Am241 émet des rayons gamma de 26.34 keV (intensité 2.4%) et 59.54 keV (intensité 35.8%). On voit nettement sur le spectre le pic d'absorption de 59.54 keV. Le pic d'absorption de 26.34 keV est beaucoup moins visible, même si on le devine. On voit par contre un gros pic vers 120 keV. Ce pic n'est pas un pic d'absorption, qui serait caractéristique d'un radionucléide mais un pic-somme : il correspond à toutes les fois où deux rayons gamma de 59.54 keV ont été détectés simultanément ou quasi-simultanément, et donc comptés comme un seul rayon gamma de 2*59.54 keV soit 118 keV environ. On note également sur le spectre une bosse semblant correspondre à un pic-somme de 3*59.54 keV soit 177 keV mais je n'en suis pas certain.

Les pics-somme peuvent être diminués en réduisant l'activité de l'échantillon, ce qui statistiquement réduit les probabilités de détections simultanées. On peut aussi augmenter la distance entre l'échantillon et le détecteur, ce qui diminuera aussi les probabilités de détections simultanées. Cela aura également pour bénéfice d'augmenter la résolution (au détriment de l'efficience) :

Spectre Am241 sans pic-somme

Cette capture d'écran montre le spectre d'une seule pastille d'Am241 (0.9µCi) avec une distance entre la source et le détecteur d'environ 5cm. On constate qu'il n'y a pas de pic-somme, et que le pic à 26.34 keV est bien plus visible qu'avant.

Echantillon de sol uranifère (Ronneburg, Allemagne)

J'ai pu acquérir via Ebay un échantillon de sol de 10 grammes prélevé dans une prairie entre les villages de Gauern et Wolfersdorf (lien Google Maps), dans une ancienne zone minière d'extraction de l'uranium. A l'époque de la RDA, cette zone était la plus grande zone d'extraction d'uranium d'Europe, et était utilisée par les soviétiques d'abord pour la construction de bombes atomiques, puis ensuite pour le nucléaire civil. D'après le vendeur il y a deux points chauds dans cette prairie qui correspondent à des point de carottage de prospection. Pour en savoir plus sur la zone je vous conseille cet excellent PDF, riche en photos en en informations (hélas en allemand).

Echantillon sol Ronneburg

Avec un compteur geiger de type pancake (LND 7317) l'échantillon affiche environ 40 CPS (coups par seconde) au contact. Afin de vérifier qu'il s'agit bien d'uranium j'ai procédé à une spectrométrie gamma dont voici le spectre :

Spectre gamma d'un échantillon de sol riche en uranium de la région de Ronneburg

On retrouve bien les pics caractéristiques des descendant de l'uranium : le radium 226, le plomb 214, le bismuth 214. Les pics sont bien mieux définis que dans mes précédents spectres car je me suis récemment équipé d'une nouvelle sonde gamma bien plus sensible, équipée d'un cristal NaI de 25mm*25mm et d'un tube photomultiplieur Hamamatsu R6095, conçue et assemblée par Alexey de RH Electronics.

Analyse d'un échantillon de Pechblende

Un confrère radio-curieux m'a gentiment fait parvenir un échantillon de pechblende du Valais (Suisse). La pechblende est un minerai riche en uranium. Ce minéral tient une place particulière dans l'histoire de la radioactivité, puisque c'est de cette roche que Pierre et Marie Curie ont extrait le radium (PDF), qui est un produit de la désintégration de l'uranium. Leur source d'approvisionnement était à l'époque la mine de Saint-Joachimsthal située dans l"actuelle république tchèque.

Pechblende du Valais, Suisse

L'activité de mon échantillon, d'un poids de 4.4 grammes est plutôt élevée et fait crépiter mon compteur geiger : 8650 CPM ! (quand le bruit de fond naturel est de 26 CPM). Phénomène intéressant : une mousse plastique entourait l'échantillon dans son contenant en verre. Cette mousse était radioactive : vraisemblablement parce qu'elle avait attiré à elle les descendants du radon, un autre descendant de l'uranium. Cela fera un sujet d'expérience pour plus tard ;)

Spectre gamma pechblende

Que donne la spectrométrie gamma ? On y retrouve les raies d'émission typiques des minéraux uranifères et des objets à base d'uranium naturel, à savoir le pic de Radium 226 à 186 keV, les trois pics de Plomb 214 à 242, 295 et 325 keV et le Pic de Bismuth 214 à 609 keV et 1120 keV (valeurs arrondies).

Mon choix de garrot : RMT tactical 1.5 pouces

J'ai longtemps procrastiné avant de choisir un garrot. Je n'avais pas de doutes sur l'intéret d'un tel équipement, mais il me fallait trouver le modèle idéal. J'ai finalement opté pour le garrot RMT de chez M2inc, dans sa version tactical.

Garrot tourniquet RMT tactical

Avant d'aller plus loin quelques rappels sur le bon usage des garrots : premièrement, la pose d'un garrot ne condamne pas le membre sur lequel il est posé, pour peu que la prise en charge médicale soit rapide. La plupart des études montrent qu'en dessous de 2 heures de pose, les risques de complications et de dommage permanents sont très faibles (source : étude "Tourniquet use in the civilian prehospital setting"). Deuxièmement, le garrot n'est pas la baguette magique qui réglera tous les saignements. La plupart des hémorragies sont traitables via une compression directe. De plus certaines hémorragies ne sont pas garrotables, le garrot ne pouvant être appliqué qu'aux membres. Ne vous contentez donc pas du garrot comme unique moyen d'hémostase : les pansements compressifs et gazes hémostatiques ont aussi leur place. Troisièmement, et c'est le point le plus important, l'usage du garrot ne doit être envisagé que dans le cas d'un saignement massif, menaçant à court terme la vie de la personne, comme celui causé par l'arrachement ou la dislocation d'un membre, ou par l'atteinte d'une artère. Enfin, avant de vous ruez sur le matériel, formez-vous !

Demonstration garrot RMT posé

Revenons maintenant sur le choix du RMT. Parmi les matériels utilisés et reconnus par les professionnels, on trouve en plus du RMT, le SOFT-T et le CAT (tous deux validés par le comité Tactical Combat Casualty Care). Le SOFT-T et le CAT sont excellents, mais ne peuvent être utilisé qu'une fois, ce qui ne permet pas de s’entraîner avec (à moins d'acheter un second garrot d'exercice, ce qui augmente le budget). Les garrots RMT peuvent eux être utilisés des centaines de fois, ce qui permet des entraînements réguliers sans aucun surcoût. De plus les garrots à cliquet comme le RMT permettent un serrage plus fin, qui nécessite moins de force, et un resserrage sans risque si jamais le membre se remet à saigner. Tous ces avantages m'ont fait pencher vers le RMT.

Restait à déterminer la version. J'ai opté pour la version tactical de 1.5 pouces de large (3.8 cm comme le CAT et le SOFT-T), la plus compacte et légère, car je ne suis qu'un simple citoyen pas particulièrement exposé. La version tactical pliée fait environ 23cm de long, 3.8cm de large et 3.2cm d'épaisseur (du fait de la boucle). Son poids est de 101g.

Le prix reste légèrement supérieur à celui du CAT ou du SOFT-T, mais largement inférieur à celui d'un CAT ou d'un SOFT-T couplé à un exemplaire d'entrainement. Compter environ 36$ chez israeli First Aid qui propose les meilleurs prix pour la gamme RMT.

Montre militaire britannique Pulsar G10

Dans un précédent billet, je vous avais présenté la G10 de chez CWC (Cabot Watch Company). Je vous présente aujourd'hui la version fabriqué par Pulsar (une filiale de Seiko), qui lui succède. Ce modèle est fabriqué exclusivement pour l'armée anglaise, et il n'existe à ma connaissance pas de déclinaison civile. Pour l'anecdote ce modèle est porté par... le Prince Harry qui l'a ramenée de son service en Afghanistan et la porte parfois lors de grandes occasions.

Montre militaire anglaise Pulsar G10

Visuellement, la G10 Pulsar est une réussite, avec un look paradoxalement plus rétro que la CWC du fait de la forme de son boitier à cornes droites et de l'absence de protège-couronne. Le boitier affiche une taille de 36mm hors couronne, et 39mm couronne incluse soit des dimensions similaires au modèle CWC. Par contre la G10 Pulsar est plus fine de par son boitier et son verre plat : 8mm seulement contre 10mm pour la CWC. Les pompes restent fixes.

CWC G10 Vs Pulsar G10

Les marquages militaires restent bien présents, avec le phéon britannique et le numéro NSN (NATO Stock Number) par contre la mention de la branche armée n'apparaît plus.

Marquages G10 Pulsar

Parmi les autres différences avec la G10 CWC, on note l'utilisation d'une verre minéral plat au lieu du verre acrylique bombé, l'absence du trappe pour changer facilement la pile (le boitier étant équipé d'un fond à pression), l'utilisation d'aiguilles droites au lieu d'aiguilles sabre, la peinture blanche sur les aiguilles, l'ajout d'un guichet dateur, ainsi que l'abandon du tritium pour du Luminova (d'où le "L" qui remplace le "T" sur le cadran). La lisibilité dans le noir est excellente :

Luminescence Pulsar G10

Les G10 Pulsar peuvent être trouvée régulièrement sur Ebay, souvent à un prix légèrement inférieur à celui des G10 CWC si on sait être patient, car la marque Pulsar est moins prestigieuse.

Woundclot Trauma Gauze et Hemostatic Gauze

Quand on parle d'hémorragie, le garrot vient tout de suite à l'esprit. Mais toutes les hémorragies ne sont pas garrotables (cas des plaies à la tête, au cou, au thorax, à l'abdomen) et toutes ne sont pas graves au point de nécessiter la pose d'un garrot. Pour ces cas, les gazes hémostatiques peuvent alors s'avérer très utiles, en complément d'un bandage simple ou d'un pansement compressif. Ces gazes, quand elles sont bien utilisées, sont capables d'arrêter un saignement artériel.

Gaze hémostatique Woundclot

Différentes marques de gaze hémostatique existent. Les deux gazes que je vous présente aujourd'hui font partie de la gamme Woundclot développée par Core Scientific Creation, une société israélienne.

La Trauma Gauze (emballage blanc) est destinée au traitement des saignements modérés et sévères. Elle est marketée à destination des urgentistes. L'Hemostatic Gauze (emballage vert) est quand à elle destiné au traitement des saignements sévères. Elle est marketée à destination des militaires. Ces gazes sont proposées dans différents tailles, allant de la compresse de 4 pouces (10 cm) à la bande de 39 pouces (1 m). La version présentée dans ce billet fait 3 * 8 pouces ( 8 * 20 cm). Toutes ces gazes fonctionnent de la même façon : un agent hémostatique à base de cellulose imprègne la gaze. En contact avec le sang, l'agent hémostatique devient un gel qui piège les plaquettes et active des substances qui vont accélérer la coagulation et stopper l'hémorragie.

Gaz Woundclot déballée

Visuellement, rien ne distingue les deux versions. Cependant, au toucher, l'Hemostatic Gauze semble un peu plus rigide que la Trauma Gauze, et son odeur est un peu plus prononcée. Aussi il est probable que cette version soit imprégnée d'une plus grande quantité d'agent hémostatique, ou que la nature de l'agent soit légèrement différente.

Comment utiliser ces gazes ? Tout dépend du type de blessure. Sur une blessure peu profonde mais étendue, sans atteinte artérielle (ex : une abrasion cutanée importante, une plaie du cuir chevelu, une lacération peu profonde), la gaze peut être posée à plat sur la zone concernée. Sur une plaie profonde, il faudra par contre bourrer la plaie en prenant soin de mettre la gaze en contact direct avec le vaisseau sanguin ou l'artère lésés (exemples en vidéo). Une compression modérée est recommandée pour une efficacité maximale. Selon la gravité des lésions, la temps d'atteinte de l'hémostase peut aller de 4 à 17 minutes (PDF). La gaze pourra ensuite enlevée à l’hôpital en la mouillant avec une solution saline, cette opération ne détruisant pas le caillot formé.

Mode d'emploi Woundclot

Quelle version choisir ? En tant que particulier ma préférence va plutôt vers les versions de taille intermédiaire, comme la 8 * 20 cm, assez grandes pour traiter une grande variété de plaies, et assez petites pour rester abordables. Trauma Gauze ou Hemostatic Gauze peu importe, même si la Trauma semble un peu plus costaud.

Les produits Woundclot peuvent être achetés à des prix très intéressants chez Israeli First Aid que je remercie pour l'envoi des exemplaires ayant servi à la rédaction de cet article :)

Quel profil de lame pour un couteau EDC ?

Comment choisir le meilleur type de lame pour un couteau EDC ? L'offre est pléthorique en matière de couteaux, et il peut être difficile de s'y retrouver. Aussi voici ma contribution sur ce sujet. Pour ce qui est du choix des aciers, je vous renvoie à ce billet précédent.

profils-lames-edc.jpg

Si on considère uniquement sa dimension utilitaire, un couteau EDC devrait être le plus polyvalent possible : on cherche un outil à tout faire et pas un outil de spécialiste. Un couteau EDC devrait être autant à l'aise pour ouvrir un emballage, pour couper de la corde, tailler un morceau de bois, percer, éplucher, couper du pain ou tout autre aliment sur une planche ou dans une assiette.

De ce fait, certaines formes de lames ne constituent selon moi pas le meilleur choix : les lames tanto par exemple sont de super outils pour percer, et s'affûtent facilement, mais sont médiocres pour un usage alimentaire ou une découpe de précision, surtout quand elles ont une émouture de type chisel (ciseau à bois). Les lames sheepfoot (pied de mouton) avec leur bout arrondi sont de bonnes lames utilitaires, offrant une bonne sécurité vis à vis des coup d'estoc, mais ne sont pas extraordinaires pour la découpe. Les lames Wharnclife percent très bien et sont adaptées pour des découpes de précision de type cutter, mais sont elles aussi peu adaptées pour un usage alimentaire. Les lames recurve peuvent couper très fort, mais souvent tout le fil de la lame n'est pas exploité...

Du coup pour quel profil opter ? De mon point de vue, la lame EDC idéale devrait posséder un fil droit sur sa première moitié et un fil courbe sur l'avant, sans aucun angle sur le fil. Ce profil permet d'exploiter au mieux toute la longueur du fil et ce peu importe l'angle de découpe. Ce n'est pas un hasard si les couteaux les plus vendus et les plus utilisés dans le monde possèdent ces caractéristiques : c'est le cas notamment des couteaux suisses, de l'Opinel, des couteaux Buck, des sodbusters, des couteaux scandinaves pour ce qui est des lames fixes etc. Pour ce qui est du dessus de la lame, tous les profils sont valables, mais si la capacité à percer de petits trous est importante pour vous, le profil clip-point (lame type Bowie, utilisée notamment sur les Buck 110) est tout indiqué. Cet usage me concernant peu, pour ma part, je trouve que les lames à dos plat, drop-point, spear-point vont tout aussi bien.

Pour ce qui est de l'épaisseur, 2.5 à 3mm est de mon point de vue l'idéal : c'est assez épais pour être très solide, mais pas trop épais au point de diminuer le pouvoir de coupe.

Poignée de porte radioactive

La radioactivité peut décidemment se cacher là ou l'on s'y attends le moins : un contact lui aussi passioné de radioactivité m'a très aimablement fait parvenir une poigné de porte ancienne (merci à lui !). Visuellement, la poignée est d'apparence banale, constituée d'une sorte de porcelaine noire. Exposée à de la lumière UV, celle-ci ne manifeste aucune fluorescence. Le compteur geiger par contre se met à crépiter à l'approche de la poignée. Alors que le bruit de fond naturel est de 26 CPM sur mon compteur GMC-300, le nombre de CPM monte à 3900 environ au contact de la poignée.

poignee de porte radioactive uranifère

Il semblerait que la majorité de l'activité soit sous forme de rayonnement beta. D'ailleurs à 30 cm de la poignée, un dosimètre compensé en énergie (Polimaster PM1621) ne montre aucune élevation significative du débit de dose.

spectre poignee radioactive uranifère

Que dit la spéctrométrie ? L'analyse montre un pic à 185.99 keV caractéristique du radium 226. La poignée de porte contient donc très probablement un composé contenant de l'uranium, le radium étant un descendant de celui-ci. A la différence des roches uranifères et autres objets à base d'uranium naturel, les pics correspondant aux autres descendants de l'uranium (Pb214, Bi214) sont ici absents. Cela est probablement dû au fait que le composé uranifère incorporé dans la poignée a été débarassé de ces descendants et n'est pas retourné à l'équilibre séculaire depuis. Il ne m'est pas possible de déterminer la nature exacte de ce composé. Des ressources trouvées sur le web parlant de glaçure indiquent que ce pourrait être de l'oxyde d'uranium (UO2).

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