Nouveau délire des journaux en mal de sensations : du fait du réchauffement climatique, les glaciers en fondant pourraient libérer de la radioactivité issue des essais nucléaires et des accidents de Chernobyl et Fukushima. Les glaciers contiendraient également de l'americium 241, un descendant du plutonium. Il est vrai qu'une étude a révélé des taux de cesium 137 et d'americium 241 plus élevés que la normale dans les sédiments (cryoconite) de certains glaciers. Pour autant cela représente-t-il un danger ?

Prenons l'hypothèse que j'ingère un kilogramme de cryoconite contaminée (hypothèse volontairement farfelue et majorante du risque). La plus forte contamination en Cs137, relevée sur un glacier suisse, était de 13558 Bq/kg. La dose par unité incorporée (DPUI) du cesium 137 est selon l'IRSN de 1.3E-2 µSv/Bq (PDF). L'ingestion d'un kilo de cette cryconite suisse aboutirait à une dose vie entière (dose sur 50 ans) de 13558*1.3E-2 microsieverts soit 176.254 µSv ou 0.176254 mSv. Or chaque année un français est exposé à environ 2.4 mSv du seul fait de la radioactivité naturelle. La dose vie entière entrainée par l'ingestion d'un kilo de sédiments contaminés représenteraient ainsi un peu moins de 0.15% de la dose reçue pendant la même période du seul fait de la radioactivité naturelle. Ce n'est rien du tout.

Qu'en est-il de l'americium 241 ? La plus haute valeur relevée, toujours sur le glacier suisse, est de 120 Bq/kg. La DPUI de l'Am241 est de 0.2 µSv/Bq (PDF). Ingérer un kilo de cryoconite aboutirait donc à une dose vie entière de 120*0.2 soit 24 µSv ou 0.024 mSv, une dose encore plus faible que celle liée au Cs137.

Pour résumer : si l'étude à l'origine de ces articles montre bien une contamination, il n'y a de mon point de vue pas de raison de crier au loup. L'auteur de l'étude, Caroline Clason, a d'ailleurs demandé au Daily Mail et aux autres journaux sur Twitter de ne pas déformer ses propos.